Mr Erudit – The Stranglers – Nice – 20/06/80 – Histoire d’une arrestation

La Côte d’Azur était un havre de paix, de calme et de sérénité  jusqu’à ce que les Stranglers arrivent en ville et descendent à Nice

Les annales de l’histoire du punk regorgent d’une multitude d’histoires tumultueuses et notamment pour les Stranglers.

A la fin des années 70, leurs concerts se terminent souvent en bagarre et la tension avec le public est palpable. Parmi leurs nombreux coups d’éclats : le concert du 20 juin 1980 à Nice.

Un concert qui devait au départ se jouer à Cannes et qui sera déplacé dans la précipitation à l’amphithéâtre de la faculté de Nice. Le groupe n’est pas autorisé à utiliser sa propre sono, et devra se produire sur celle de l’amphi… qui ne tiendra pas longtemps. Ils n’ont pas non plus accès aux toilettes et aux douches…

Hugh Cornwell prend la parole pour expliquer ces conditions au public. Jean Jacques Burnel traduit, en ajoutant à la fin :

« Il y a de belles vitres, ici. On pourrait peut-être… Si j’étais vous!!! »

Naturellement, la foule, nombreuse, en ressortira déçue et frustrée. Lorsque le groupe est sorti de scène et a informé les fans que s’ils voulaient un remboursement, ils devraient voir le promoteur, les choses ont bien évidemment empiré. La foule a commencé à tout casser. Le résultat: 10 000 £ de dommages et intérêts. Le lendemain matin, le groupe est arrêté pour incitation à l’émeute.

Les Stranglers seront contraints de rembourser les dégâts avec une interdiction de revenir à Nice.

Extrait du journal Le Monde:

 » Messieurs Jean-Jacques Burnel, vingt-huit ans, Jet Black, quarante-deux ans, et Hugues Cornwell, trente et un ans, ont été inculpés, dimanche 22 juin, par M. Serge Faliech, juge d’instruction à Nice, d’instigation d’une action concertée à force ouverte par un groupe  » et placés sous mandat de dépôt. Tombant sous le coup de l’article 314 du code pénal – dit loi  » anticasseurs « , – ils encourent une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement. Le quatrième membre du groupe, M. Dave Greenfield, trente et un ans, est sorti libre du cabinet du juge.

Les incidents qui sont à l’origine de l’arrestation, de la garde à vue et de l’inculpation des musiciens ont eu lieu, vendredi 20 juin, à la faculté des lettres de Nice, dont le parvis est souvent utilisé pour des concerts de rock. Peu avant la fin du concert des Stranglers, interrompu à plusieurs reprises par des baisses de tension électrique, des groupes de spectateurs ont cassé les vitres et les portes du campus à coups de bouteille, avant de s’en prendre aux locaux de la conciergerie et du restaurant universitaire.

Les dégâts sont évalués à 10 000 francs au moins. Les cyprès qui bordent l’entrée de la faculté ont été incendiés. Les autorités universitaires ont porté plainte pour « dégâts volontaires à la propriété d’autrui « .

Selon le bassiste de la formation, M. Burnel, la direction de l’université, en refusant de brancher un générateur supplémentaire,  » a empêché le déroulement normal du concert « .

 » Nous en avons informé le public, sans toutefois l’inciter à la violence « , a ajouté le musicien.

Le témoignage de M. Alain Deliau, secrétaire général de l’université, en revanche, dénonce la responsabilité du groupe dans le déclenchement des incidents.  » L’un des membres de la formation, aidé d’un traducteur, affirme-t-il, a crié que l’université pouvait payer, qu’elle aurait pu mettre en fonction un groupe électrogène mobile et qu’il n’y avait qu’à tout casser, même le sol en ciment.  » Une bande magnétique enregistrée par un technicien de l’université pendant le concert et contenant les paroles exactes prononcées par les rockers à l’adresse de l’auditoire a été transmise au magistrat. »

Jet Black : « Nous avons ri jusqu’à la banque. Avant, nous étions inconnus en France, (après) on a joué dans des salles combles.»

En souvenir de ce fait divers, le groupe a sorti le single « Nice in Nice » en 1986, accompagné d’une pochette présentant la photo de l’arrestation emblématique.

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