Live Report by Tuco – The Limiñanas – Paris, Olympia – 10/04/25

Lors de mon dernier périple à Londres pour le concert de Jack White, j’avais naturellement trainé mes guêtres dans les magasins de disques, chez Rough Trade notamment où le dernier opus des Limiñanas « Faded » figurait en bonne place.

On le sait, les Limiñanas ont d’abord été prophètes en dehors de leur pays, diffusés par des labels indépendants américains. Mais depuis leur brillant album Shadow People sorti en 2018, leur audience n’a cessé de s’élargir au point de remplir ce soir l’Olympia et ses 2000 places. Avec les Limiñanas nous avions pris nos habitudes au Trianon pour la tournée « Shadow People » et pour les tournées des albums suivants fruits de leurs collaborations avec Anton Newcombe et Emmanuelle Seigner (L’Epée et l’album « Diabolique » ), et Laurent Garnier (album « De Pelicula« ).

 

« Faded » est donc le premier album 100% Limiñanas depuis « Shadow People » , et il est largement aussi bien réussi et sacrément bien fréquenté: le fidèle Pascal Comelade, le quasi membre du groupe Bertrand Belin, les guest stars Boby Gillespie et Jon Spencer, Rover, Penny, et Anna Jean du groupe Juniore. Juniore assure la première partie ce soir, j’arrive un peu tard pour les deux derniers morceaux de leur pop sixties, très appréciée si l’on en juge les applaudissements du public. J’aurais bien aimé voir Anna Jean revenir sur scène pour interpréter « Catherine », comme elle le fait sur l’album, mais le morceau ne sera pas sur la setlist ce soir, pas plus que le titre « Faded » superbement interprété par la chanteuse anglaise Penny

Lionel Limiñana débute le concert par son traditionel « Bonsoir, nous sommes les Limiñanas de Cabestany ». Comme d’habitude, ce sera quasiment les seuls mots partagés avec le public durant le concert. Normal, comme à chaque fois, la musique est la seule star sur scène. Ou presque ! Le légendaire guitariste des Fleshtones, Keith Streng, accompagne le groupe pour cette tournée. Les Fleshtones ont toujours eu un rapport particulier avec la scène rock française, les Dogs du regretté Dominique Laboubé en tête. J’avoue être un peu excité de le voir ce soir aux côtés des Limiñanas

La première heure du concert est de très haute volée. le show démarre, comme l’album, avec l’instrumental « Spirale ». Le groupe enchaine avec « Prisoner of Beauty » , chanté par Bobby Gillespie sur l’album et interprété ce soir par Thomas Gorman, chanteur-guitariste des « Kill the Young ». On se tortille, on danse. Et çà continue avec Rover qui rejoint la scène pour une interprétation impeccable du titre « Shout ».

On fredonne, on chante ! Au tour de Bertrand Belin pour le bijou « J’adore le monde » . Il est en très grande forme. « J’adore le monde/la galaxie/quand la vie te sourit/rien de plus sensass, tu décolles/seul bémol/quand la vie ne te rigole/tu te sens tout petit tout petit » et on reprend avec lui « tout petit petit petit…» .   

Petite surprise, Marie Limiñana chante ce soir,  le yéyé « Down Underground » puis « Je ne suis pas très drogue » en duo avec Lionel. On la retrouvera un peu plus tard pour « Je m’en vais » . Place aux hits de l’album « Shadow People » .

La compagnonne de route Emmanuelle Seigner nous fait le plaisir de sa présence pour « Shadow People« . Thomas Gorman se charge de « The Gift » (ne rêvons pas, Peter Hook n’est pas en backstage) et « Istanbul is Sleepy ». Il s’en sort plutôt bien, avec un faux air de Liam Gallagher.

Puis le concert prend une tournure complètement différente, avec de longs morceaux de plus de 10 minutes, électriques, très électriques. La guitare de Keith Streng s’exprime à plein poumon. Il n’a pas changé, il fait le show, guitare dans tous les sens y compris derrière la tête, il parcourt la scène de long en large jusqu’à descendre se faufiler dans le public. Cela me coûte de le dire mais Keith Streng avec les Limiñanas, tout pour me plaire a priori, cela ressemble un peu à une fausse bonne idée. Le jeu de scène naturellement « agité et solo » de Keith Streng dénote peut-être un peu trop avec celui plus « statique et collectif » des Limiñanas.

Deux reprises, « TV Set » des Cramps et « Rocket USA » de Suicide, deux de leur groupes préférés, enchainés avec « Je rentrai par le bois…BB » extrait de l’album « De Pelicula ».

Riffs incandescents, transe et répétitions, le public est groggy… de plaisir.

Le groupe revient pour un rappel. Après cette session au bord de la disjoncte, on s’attend à une accalmie avec peut être le retour de Bertrand Belin sur « Dimanche » par exemple.  Que nenni, on reste sur le même trip avec notamment « El Beach », interprété par Lionel, et « What goes on » du vénéré Velvet Underground.

Le groupe tout entier revient saluer le public heureux d’avoir été là ce soir. En plus, le concert était filmé.

You're Gonna Need Someone On Your Side