Viagra Boys – Welfare Jazz

Viagra Boys Youtube
Release Date: 8 janvier 2021
Label: YEAR0001

Info

Sebastian Murphy est un sacré personnage. Le chanteur tatoué jusqu’au front, natif de San Francisco, s’est exilé à Stockholm en Suède. En 2015, il forme Viagra Boys.

En 2018, le groupe publie son premier album, Street Worms. Son single Sports montre son chanteur Sebastian Murphy en grande forme physique sur un court de tennis…

 

La formule gagnante du premier album, une mixture de post-punk et d’électro-rock, se retrouve aujourd’hui dans ce deuxième opus baptisé Welfare Jazz.

Le titre Welfare Jazz vient d’une anecdote, racontée par Sebastian Murphy: « En Suède, il y a un grand nombre de musiciens de free jazz. Parce qu’ils ne peuvent pas jouer actuellement, ils reçoivent de l’argent du gouvernement ! » En fait, le gouvernement suédois a récemment décidé de soutenir financièrement les musiciens de jazz, reléguant ainsi les autres formations au rang d’artistes non essentiels. 

Réalisé principalement par Matt Sweeney (Bonnie « Prince » Billy) avec l’aide de Justin et Jeremiah Raisen (Kim Gordon, Sky Ferreira) , on retrouve sur Welfare Jazz ce que nous adorons: la basse en avant, un groove endiablé, un saxo démoniaque, des pintes de bière, des tatouages, une section rythmique brute.

Le disque s’ouvre avec I Ain’t Nice. La basse enflammée, la voix rauque de Sebastian Murphy, les guitares saturées, le saxo et le clavier hypnotisent déjà notre cerveau. Le premier single a été composé dans une période difficile pour le chanteur.« Nous avons écrit ces chansons à une période ou j’étais en couple, prenait de la drogue tous les jours et j’étais un véritable connard, confie Sebastian. Je ne m’en suis pas rendu compte avant qu’il soit trop tard, et beaucoup de titres de cet album ont à voir avec le fait de s’être fixé les mauvais objectifs pour soi-même ». Dans le clip, le chanteur déambule dans les rues de Stockholm, en semant sur son passage le chaos.


 

Après un court intermède musical (Cold play) , Sebastian se mue en rockeur prêcheur. Il interprète Toad comme le ferait Nick Cave ou Alan Vega dans Suicide.
Into The Sun est un titre blues rock au rythme très Nightclubbing d’Iggy Pop. Un chanson sur les regrets. « Je l’ai écrit à un moment où je réalisais quel putain de connard j’avais été pour mon ex-petite amie et j’espérais encore qu’elle me pardonne … »
Creatures, le second single est le morceau le plus synthpop de l’album, soutenu par un saxophone chialant. La vidéo transporte Sebastian en pleine aristocratie. Les perruques sont de sorties!

 6 Shooter est un fantastique instrumental. Oskar Carls et son saxophone font des merveilles. Le morceau devient rapidement une sorte une sorte de Free Jazz démoniaque. Cuivres et saxophones sont allègrement mélangés pour un titre dansant parsemé de quelques bidouillages électroniques.

« Je pense que c’était censé être une chanson. J’ai écrit des paroles pour ça et ils se sont sentis forcés. Je n’ai pas aimé chanter dessus. J’ai pensé que c’était beaucoup mieux d’en faire un instrumental. J’ai l’impression que cette chanson sera un classique de Viagra Boys en concert. Si vous nous voyez en Live, certaines des chansons de cinq minutes sur le disque durent 29 minutes en concert. A part ça, je n’ai pas grand-chose à dire à ce sujet puisque je n’y figure pas. [rires].

 

Après un nouvel intermède ,Viagra Boys jouent le morceau punk « Secret Canine Agent« . Sebastian Murphy partage encore son amour pour les chiens. « Ils ont un plan élaboré et ils écoutent tout le monde ». Un tube qui n’aurait pas dépareillé en 1977 avec son message percutant.

I feel alive est morceau lent, jazzy…une chanson ironique. La légèreté d’un piano permet à Murphy de se la jouer crooner « Je l’avais évidemment écrit à un moment où j’étais loin de me sentir vivant. Je me sentais juste mort. Je l’ai probablement écrit quand j’étais allongé dans mon lit. C’est définitivement une chanson ironique.

« Jesus Christ, I feel alive / Just last week I thought that I was gonna curl up and die / I tell you what, I feel alive / Oh, Jesus Christ, I wanna cry / I no longer wanna die » (Jésus-Christ, je me sens vivant / La semaine dernière, je pensais que j’allais me recroqueviller et mourir / Je vais te dire, je me sens vivant / Oh, Jésus-Christ, je veux pleurer / Je ne veux plus mourir).

 

Girls & Boys est mon titre préféré. Les envolées d’Oskar Carls au saxo e et le beat disco y sont pour quelque chose. C’est aussi l’une des chansons les plus bizarres au niveau des paroles: Girls, Boys, Love, Drugs…et Shrimps (crevettes)! Le sommet du disque.

« Les paroles… je voulais juste écrire quelque chose de stupide. Je voulais juste que la chanson soit une chanson grossière sur les filles. À propos de «comment j’aime la femme», vous savez? Puis j’ai pensé: « Ah, merde, je ne veux pas emprunter cette voie. » [Rires] J’ai donc dû impliquer les garçons aussi. Et les chiens et les crevettes.

 

La fin du disque est résolument country avec les chansons To The Country et In Spite Of Ourselves.

Sur « To the Country », le chanteur se prend pour Johnny Cash.

In Spite Of Ourselves est une reprise de regretté John Prine, interprétée en duo avec l’australienne Amy Taylor des Amyl and the Sniffers 

« Trois semaines après son enregistrement, John Prine est mort. Nous avions prévu de sortir la chanson beaucoup plus tôt et je ne voulais pas sortir cette chanson comme un hommage. C’est juste une très belle chanson, et je pense que c’est une excellente façon de terminer l’album. C’est un peu sombre, puis il y a un peu d’espoir ».

 Welfare Jazz mélange avec réussite un grand nombre d’influences: punk, jazz, psyché, blues, disco, pop et même country.
Si l’auditeur peut être déstabilisé à la première écoute,  à la seconde, il sera conquis.
A la troisième, il n’aura qu’une envie: aller les voir sur scène!
Vaut mieux les écouter que de prendre les pilules bleues!
You're Gonna Need Someone On Your Side