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« Plus proche est la source, plus pur est le ruisseau »
C’est ainsi que l’on peut traduire « The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows« , le titre du nouvel album solo de Damon Albarn.
Le leader de Blur, Gorillaz ou encore The Good, The Bad & The Queen donne enfin une suite à son premier album solo officiel, Everyday Robots, publié en 2014.
Dans sa conception, il a été accompagné par Mike Smith et Simon Tong ( guitariste de The Verve) qui officient déjà au sein de Gorillaz.
La chanson titre, “The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows“, reprend un poème de John Clare. C’est la mère de Damon Albarn qui lui a fait découvrir cette œuvre du début du 19e siècle, connu sous le nom de “Love and Memory”. Le travail de John Clare est celui de la réclusion, puisqu’il s’est lui même fait interner quelques temps. En plus, de cette complainte, s’ajoute le deuil de l’être cher. Une situation dans laquelle Damon Albarn a du faire face après la mort de Tony Allen, pionnier de l’afrobeat, dont il était très proche.
L’album a été pensé comme “une œuvre orchestrale inspirée par les paysages de l’Islande”, indique l’intéressé en communiqué. (Damon Albarn possède une maison à Reykjavik et a obtenu la nationalité islandaise). Les thèmes de “la fragilité, de la perte, de l’émergence et de la renaissance”, sont ici abordés tout au long de cet album.
L’album s’ouvre avec le titre éponyme The Nearer The Foutain, More Pure The Stream Flows. Son planant et mélancolique accompagné de chœurs féminins telles des sirènes… Une chanson sur le deuil et l’absence (« You have gone/ The dark journey that leaves no returning/ It’s fruitless for me to mourn you« ). La voix caractéristique de l’artiste britannique se fait douce et bienveillante.
Le second titre, The Cormorant, avec ses douces influences de bossa nova, est portée par le bruit de la mer et une voix douce et fragile. On pense aux regrettés Mark Hollis et Bowie.
Avec Royal Morning Blue, il signe un morceau plus rythmé qui rappellera son travail au sein de Gorillaz. La chanson est une ode aux orages sur la mer. “Royal Morning Blue, c’est ce moment, ce sentiment. Au milieu de tous les ténèbres qu’on a pu ressentir, c’était si beau, si positif.“ précise le chanteur.
Combustion est le premier instrumental du disque. Un morceau où se mélangent des cors hurlants, des guitares électriques saturées et un saxophone… Curieux.
Vient ensuite l’émouvant Daft Wader. Une perceuse magnifique.
Darkness to Light est une valse douce et romantique, marquée par une voix plus aiguë et un clavier. Une chanson nostalgique qui rappelle This is Low de Blur.
Le second interlude instrumental, Esja, survient comme une angoisse mystérieuse sans nom, puis se transforme en un apaisement bercé par le bruit des vagues.
Avec Tower of Montevideo, Damon Albarn vous transportera de l’Islande en Uruguay. Une chanson qui s’inspire du Palacio Salvo, un bâtiment emblématique des années 1920 en Uruguay.
Des cloches carillonnantes s’entrelacent avec les cuivres, le saxophone de Mike Smith sublime la chanson.
Giraffe Trumpet Sea se développe avec du piano jazz et des synthés expérimentaux.
Polaris, avec ses synthés, sa boite à rythme, son saxophone et ses chœurs envoûtants, représente bien le décor hybride de l’album. Une chanson qui abordent les thèmes de l’équilibre et de la réflexion. Mon titre préféré.
L’album se conclut sur le magnifique Particles, une ode apaisée sur espoir et le renouveau (« I have cried for your darling are coming back to me/ For the particles are joyous as they alight on your skin »).
En partie inspiré par sa nouvelle patrie, l’Islande, et la poésie de John Clare, le dernier album de Damon Albarn est un voyage aérien, nostalgique et hypnotique.
C’est un disque incroyablement émouvant d’un maître-compositeur. Damon Albarn est un artiste « caméléon » capable de se transformer artistiquement comme savait si bien le faire Bowie.
Des chansons sublimées en live: