The Apartments – That’s What the Music Is For

The Apartments
Release Date: 17 octobre 2025
Label: Talitres

Info

Il y a des voix qu’on n’oublie pas. Celle de Peter Milton Walsh, âme solitaire derrière The Apartments, appartient à cette famille rare.
Depuis la fin des années 1970, ce natif de Brisbane en Australie, écrit comme on tient un journal : avec pudeur et élégance. Peter Milton Walsh n’a jamais couru après le succès. Il a préféré bâtir une œuvre discrète, habitée par la perte, la tendresse, et la beauté fragile des souvenirs.

Après plusieurs éclipses et renaissances (The Evening Visits… and Stays for Years en 1985, Drift en 1992, A Life Full of Farewells en 1995, No Song, No Spell, No Madrigal en 2015, In and Out of the Light en 2020), The Apartments revient avec un nouveau disque : That’s What the Music Is For, sorti le 17 octobre 2025 sur le label Talitres.

En 2023, il enregistre quelques démos dans le studio de Tim Kevin, son complice de longue date.

Peter Milton Walsh : « Avec ici et là différents concerts à Mexico, Sydney, San Francisco, Lisbonne ou Marseille, j’avais la chance de pouvoir accéder à un studio sans véritable contrainte de temps. Lorsqu’un titre était composé, nous allions simplement l’enregistrer. L’album prenait forme, progressivement. Une collection de titres s’adoptant et se complétant les uns les autres.

Au fil des semaines, ces mêmes titres révélèrent une autre histoire, une autre mémoire, la façon dont passé et présent peuvent se fondre et se confondre, la façon aussi de continuer à faire vivre les personnes disparues à travers la musique ».

On retrouve autour de lui : Tim Kevin (guitare, piano, production), Nick Kennedy (batterie), Adrian Workman (basse), Natasha Penot et Neysa May Barnett (voix), Pauline Drand et Xavier Guéant-Mata (guitares invitées).

La couverture de l’album présente une photographie en noir et blanc d’un quai vénitien, capturée par Angela Favaro. Cette image a été choisie par le groupe pour sa beauté intemporelle et son atmosphère mélancolique, en parfaite adéquation avec le ton de l’album. Le design graphique a été réalisé par Carl Breitkreuz.

L’album s’ouvre en douceur sur It’s a Casino Life, guidé par un piano scintillant. Peter Milton Walsh chante, de sa voix frêle : « Close my eyes, you’ll come back… ».
Le titre suggère que la vie est un jeu de hasard, un casino où l’on mise ce qu’on ne peut jamais vraiment garder. Une ouverture magistrale, à la fois fragile et majestueuse.

Vient ensuite le discret Afternoons. L’auteur-compositeur australien entame le morceau par ces mots : « Your hair tied up, a chiffon scarf », avant d’être rejoint par Natasha Penot. Leurs voix se marient à merveille, formant une conversation à distance, une évocation d’amours passées. On pense à Chet Baker Sings.

L’album accélère — légèrement — le tempo avec le single A Handful of Tomorrow. On se délecte ici des lignes de guitare lumineuses, délicatement ciselées. C’est l’un des morceaux les plus mélodieux et les plus accomplis du répertoire de The Apartments.

La piste suivante, Another Sun Gone Down, prolonge cette atmosphère suspendue. Rien n’y est surjoué : juste une touche de piano, des guitares planantes, et la trompette feutrée de Jeff Crawley qui s’y glisse avec tendresse. Une musique magnifique pour les beaux jours d’hiver — simple, claire, intemporelle. On y retrouve quelque chose de l’esprit de Drift.

La chanson titre – That’s What the Music Is For (When the Fair’s Over) – fait figure de manifeste intime. Sous un voile de trompette plaintif et d’arrangements minimalistes, Peter Milton Walsh chante la MUSIQUE comme un refuge, une maison pour les absents. La voix de Neysa May Barnett vient y ajouter une chaleur inédite. C’est le cœur battant de l’album.

Sur Death Would Be My Best Career Move, Milton Walsh chante : I’m a man with no illusions…. Sa voix, soutenue par une guitare discrète et un piano mélancolique, livre une confession désabusée.
Derrière le titre caustique se cache une méditation lucide sur la disparition et la postérité : le chanteur regarde sa carrière comme un cycle qui se ferme, mais la musique, elle, persistera.

The American Resistance marque une rupture. Au milieu des confidences et des souvenirs intimes, cette composition signée Pauline Drand introduit une dimension politique inédite.
La voix se fait plus ferme, le ton plus grave : « America has fallen now, resistance risin’ in every town… ». Musicalement, le morceau reste fidèle à l’univers de The Apartments : guitares feutrées, basse lente, claviers discrets.

Enfin, le dernier titre, You Know We’re Not Supposed to Feel This Way, s’étire sur plus de six minutes.
C’est une clôture majestueuse, suspendue entre ironie et foi obstinée. Les instruments se font plus légers, presque pop, mais l’émotion demeure, intacte.
Milton Walsh termine son album comme on ferme un journal intime : avec douceur.

 

Avec That’s What the Music Is For, Peter Milton Walsh signe l’un des albums les plus accomplis et émouvants de la discographie de The Apartments.

Entouré d’un petit cercle de musiciens fidèles, il nous offre un disque discret, profond, habité, que l’on écoutera longtemps.

 

You're Gonna Need Someone On Your Side