Depuis plus de trois décennies, Saint Etienne trace une trajectoire unique dans la pop britannique. Formé à Londres en 1990 par Bob Stanley, Pete Wiggs et Sarah Cracknell, le trio s’est imposé grâce à un savant mélange de dance, de pop sixties et d’électro élégante. De Foxbase Alpha à Home Counties, en passant par des bandes-son ou des projets plus expérimentaux, Saint Etienne n’a cessé d’élargir son champ artistique, tout en cultivant une cohérence esthétique rare.

Le 5 septembre 2025 marque une date symbolique : International, treizième album studio, est annoncé comme leur ultime disque. Un choix assumé : clore une aventure discographique sans amertume, sur une note de célébration.

Contrairement à The Night (2024), sombre et ambient, International se veut solaire, collaboratif et résolument pop. Le message est clair : finir sur une fête, pas sur un murmure.

L’album International de Saint Etienne a été principalement co-produit avec Tim Powell, ancien membre et figure de proue du collectif Xenomania.

La force de ce disque réside dans son esprit collectif : chaque morceau semble convier un ami, comme si le groupe ouvrait son carnet d’adresses pour un dernier tour de piste.

Autre particularité marquante : la plupart des chansons débutent par un court message introductif, prononcé en anglais, allemand, italien, japonais ou français. Ces fragments sonores rappellent aussi l’art du collage cher au groupe, comme de petits jingles radiophoniques guidant l’auditeur à travers un voyage musical.Ils sont interprétés par des personnalités proches du groupe, auxquelles Saint Etienne tenait particulièrement.

On y entend notamment la voix de : Caroline Catz (actrice), Colin Murray (animateur radio/télé), Isabel Waidner (écrivain), Debsey Wykes, collaboratrice régulière du groupe, Katie Puckrick, qui a autrefois interviewé Pete Wiggs dans un état d’ébriété pour Channel 4!

L’album s’ouvre sur Glad, LE TUBE euphorisant de l’été 2025. Co-écrite et produite avec Tom Rowlands (The Chemical Brothers), la chanson est un hymne lumineux, à mi-chemin entre house euphorique et pop rêveuse. La guitare de Jez Williams (Doves) y ajoute une touche éclatante et résolument pop.

Selon Pete Wiggs, il s’agit d’un morceau optimiste célébrant « les plaisirs simples de la vie et de la nature, quand le reste va mal ».

Vient ensuite Dancing Heart, co-écrit avec Tim Powell, porté par une mélodie limpide et des refrains accrocheurs. Un parfait équilibre entre modernité et classicisme pop.

Sur The Go Betweens, Sarah Cracknell partage le micro avec Nick Heyward (Haircut 100) dans une ballade nostalgique rendant hommage à l’indie-pop des années 80.

L’ambiance clubbing refait surface avec Save It for a Rainy Day et Sweet Melodies. Ce dernier, produit par Erol Alkan, figure emblématique de la scène électro londonienne, semble tout droit sorti de Foxbase Alpha (1991). Porté par ses basses rondes et son groove hypnotique, il s’impose comme l’un des sommets du disque.

La première face se clôt avec Fade, l’un des moments les plus introspectifs. La chanson relate les derniers instants d’une relation. Entre cordes, piano et spoken word, cette pièce onirique, poignante et cinématographique respire une douce mélancolie.

Le troisième single, Brand New Me, associe Sarah à Janet Planet (Confidence Man) pour un duo pétillant. La chanson, est un joyeux clin d’œil à ‘Nothing Can Stop Us’, à la pop dansante des années 90 et aux dessins animés Hanna-Barbera de notre enfance.

Elle est suivie de Take Me to the Pilot, coécrite avec Paul Hartnoll (Orbital), qui déploie une énergie électro stroboscopique.

La discographie de Saint Etienne se caractérise par des récits mélancoliques et d’amours perdues et « International » ne fait pas exception. 

Two Lovers naît de la rencontre avec Vince Clarke (Depeche Mode, Yazoo, Erasure), offrant un bijou synth-pop aux accents rétro-futuristes. La chanson évoque un couple contraint à vivre leur amour dans le secret.

Selon Pete Wiggs, cette chanson marque un moment fort dans la genèse de l’album : c’est notamment cette collaboration avec Vince Clarke — ainsi que celle sur un autre morceau (Indigo) — qui les a conduits à élargir le projet initial d’un simple EP vers un album entier de collaborations.

On reprend son souffle avec Why Are You Calling, un mid-tempo rêveur, avant de retourner sur le dancefloor avec He’s Gone, composé avec Tim Powell. Ce morceau poignant, centré sur l’absence et la perte, touche par sa sincérité.

Enfin, The Last Time referme l’album comme une lettre d’adieu : un au revoir fragile et bouleversant, porté par un piano délicat, des cordes et la voix cristalline de Sarah. La chanteuse décrit le morceau comme un véritable adieu aux fans, dans lequel ils se retournent sur ce qu’ils ont accompli et sur l’évolution qu’ils ont vécue ensemble pendant plus de trente-cinq ans

Avec International, Saint Etienne signe son dernier album : un disque lumineux, peuplé d’invités prestigieux, qui clôt trente-cinq ans de pop élégante sur une note de fête et de tendresse.

Sarah Cracknell : « Nous avons tous des raisons différentes de dire au revoir, mais pour ma part, j’ai toujours voulu finir sur une note positive. Nous voulions que ce soit un sommet. Il y aura beaucoup de larmes. »

Ce dont je suis la plus fière aujourd’hui, ce ne sont pas nos 13 albums ni nos apparitions à Top of the Pops, mais notre amitié. Ce lien si fort entre nous trois. Et cela ne disparaîtra jamais. »

Merci Sarah, Bob et Pete pour cette dernière Party !