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Après une longue absence de onze ans, Peter Murphy fait un retour très attendu avec Silver Shade, un nouvel album studio publié chez Metropolis Records.
Au fil de sa carrière solo, l’ancien chanteur de Bauhaus a sorti dix albums, dont quatre ont intégré le classement Billboard Top 200 Albums : Love Hysteria, Deep, Holy Smoke et Lion. Parmi eux, Deep reste son plus grand succès commercial, porté par le single Cuts You Up, vendu à plus de 250 000 exemplaires aux États-Unis.
Sorti en 2011, Ninth avait été salué par le LA Times comme « l’un des albums les plus marquants de sa carrière ».
Avec Lion (2014), Peter Murphy entamait une fructueuse collaboration avec Martin « Youth » Glover, bassiste de Killing Joke, qui officie de nouveau à la production sur ce onzième album studio.
L’album s’ouvre sur Swoon, un morceau au rythme rapide et intense, qui marque avec émotion le retour de cette voix unique. La chanson, enregistrée en collaboration avec Trent Reznor de Nine Inch Nails, est traversée par une certaine tension.
« Trent Reznor a cordialement accepté mon invitation à collaborer sur la chanson, ajoutant une vibration bienvenue sur le deuxième couplet, ainsi que tout au long de la chanson en tant que chanteur invité ».
La fusion de leurs voix — le baryton grave de Peter Murphy et le timbre métallique de Trent Reznor — fonctionne à merveille. Les paroles évoquent la mort : « Mon heure de m’asseoir avec les lions est proche. »
Hot Roy est un mélange audacieux de l’ambiance Outside-ienne de Bowie et des pulsations disco de I Feel Love de Donna Summer. C’est à la fois pop, baroque et hypnotique.
Sherpa ramène l’auditeur aux sonorités plus organiques de ses débuts. Le chant se fait ici plus doux, presque introspectif.
La chanson titre de l’album, Silver Shade, est envoûtante. La voix de Peter Murphy atteint des sommets d’intensité. Sur ce titre, on retrouve Trent Reznor au chant, et Danny Carey de Tool à la batterie. Les percussions sont martelées avec précision, accompagnées de touches de piano chatoyantes.
« Silver Shade capture le calme après la tempête ; hanté, méditatif et brut », explique le chanteur. « Il s’agit d’un roi qui libère ses esclaves. Il ne s’agit pas de nostalgie ou de réinvention, mais d’une paisible réconciliation. »
The Artroom Wonder, en collaboration avec le bassiste Justin Chancellor (Tool), est un tube synthpop à la texture vibrante.
Peter y puise dans ses souvenirs d’adolescence : « C’est un écho de ma quatrième année à l’école secondaire, » confie-t-il. « Daniel Ash et moi écoutions cette bande d’intellos de terminale réunis dans la salle d’art. On a osé pénétrer dans leur sanctuaire et la musique qu’on a entendue ce jour-là était fascinante. »
Ce morceau mystérieux, c’était The Bewlay Brothers de David Bowie, une révélation pour le jeune Peter : « C’était intelligent, mystique et sensuel… et cette voix, c’était la plus envoûtante que j’aie jamais entendue. »
Meaning of My Life est cinématographique à souhait. On pourrait l’imaginer en générique d’un James Bond.
Xavier New Boy explore des territoires spoken word, sur des percussions tribales et des nappes sombres de synthés. Il rappelle Give What He’s Got (Unshattered, 2004). Une réussite !
Cochita Is Lame est une chanson spirituelle, presque mystique, qui happe l’auditeur.
Soothsayer, sans doute le morceau le plus rugueux de l’album, est un exorcisme rock : la basse groove avec intensité, la guitare tourbillonne, le rythme est implacable.
La guitare espagnole qui introduit Time Waits évoque des paysages cinématographiques. Le morceau intègre des percussions et des cordes aux accents orientaux, peut-être inspirés par la vie actuelle de Peter Murphy à Istanbul.
Enfin, l’album se termine sur Sailmaker’s Charm. Ce morceau est magnifiquement orchestré. Le chant de Peter Murphy est de plus en plus lyrique au fil de l’écoute.
En bonus, sur les éditions CD et vinyle double, Let the Flowers Grow, est un duo avec Boy George. Ce titre évoque un parcours de résilience et de quête de soi.
Silver Shade est un album brillant qui marque le retour triomphal d’un artiste qui nous a tant manqué. Quarante ans après ses débuts, Peter Murphy continue d’explorer de nouveaux territoires sonores, avec une voix plus puissante et expressive que jamais.
Une belle trajectoire pour cet ancien imprimeur-relieur de Northampton, qui, poussé par son ami Daniel Ash, avait fini par rejoindre un petit groupe formé avec Kevin Haskins et David J. Le monde allait bientôt les connaître sous le nom de Bauhaus.