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Le 15e album studio de Depeche Mode est baptisé « Memento Mori« , une locution latine signifiant « Souviens toi que tu vas mourir ».
Le disque est le premier à sortir après la mort subite en mai 2022 du membre fondateur Andy Fletcher.
»Toutes les chansons de cet album ont été écrites avant la disparition d’Andy. Même l’idée du titre “Memento Mori” était là avant son décès. Mais tout prend une autre signification après sa mort. Tu ne peux pas t’empêcher aujourd’hui d’interpréter certaines paroles sous un autre angle ». Dave Gahan
Commencé avant la pandémie, puis freiné par celle-ci, Memento mori fut l’un des albums de Depeche Mode les plus complexes à faire éclore.
“Je n’avais plus aucune inspiration, raconte Martin Gore, nous devions être en avril 2020 et, pour la première fois dans l’histoire de Depeche Mode, j’ai appelé en renfort Richard Butler des Psychedelic Furs pour m’aider. Il m’a envoyé quelques paroles, des bribes de morceaux, des pistes à explorer, et le résultat était si satisfaisant qu’on a continué à travailler ensemble. Au départ, je pensais davantage à un projet parallèle, mais les titres étaient tellement bons que je lui ai demandé si je pouvais les utiliser pour Depeche Mode.”
Riche de douze chansons, “Memento Mori” explore les thèmes de la paranoïa, de la mort, mais aussi ceux de la quête de l’innocence et de la rédemption.
Sa production a été confiée à James Ford (Arctic Monkeys, Foals, Gorillaz…) et Marta Salogni (Björk, Animal Collective…).
La pochette de l’album, montrant deux ailes qui forment la lettre M est l’œuvre d’Anton Corbijn.
»Anton avait en tête ces ailes d’ange qui pendent et forment la lettre M, renvoyant ainsi à la fois au titre “Memento Mori” mais aussi au logo du groupe. Certaines personnes font le parallèle avec la pochette “Closer” de Joy Division (disque sorti le 18 juillet 1980, deux mois après le suicide du chanteur Ian Curtis). J’avais suggéré à Anton de mettre les ailes d’ange dans un rectangle sur une pochette à fond blanc. Là, on aurait encore été plus proche de “Closer”. Je n’ose même pas penser aux réactions si Anton avait suivi mon conseil ». Martin Gore
My Cosmos Is Mine ouvre l’album. C’est un morceau post-punk indus sur lequel Dave Gahan pose des bribes de phrases. « Pas de pluie, pas de nuages, pas de douleur, pas de linceuls / Pas de souffle final, pas de morts insensées.«
Martin Gore précise : « Ce morceau parle de la pandémie, du fait que nous avions l’impression de perdre le contrôle sur nos vies, mais pas que. C’est la dernière chanson sur laquelle j’ai travaillé, je l’ai écrite quand la Russie a envahi l’Ukraine. Je me suis dit : Je n’en peux plus. J’ai l’impression que le monde est en train de s’écrouler« .
Le morceau le plus sombre de l’album. Un merveilleux chant incantatoire.
Sur Wagging Tongue les synthés à la Kraftwerk sont de sortie. Ici, les claviers nous replongent dans les 80’s et nous rappellent Your Silent Face de New Order voire Seeing Out The Angel de Simple Minds (Sons And Fascination – 1981)
A nouveau, le titre aborde l’un des maux de nos sociétés contemporaines : la désinformation. « Tirer des conclusions hâtives sans avoir les bonnes informations peut être vraiment destructeur« , explique Dave Gahan.
Le premier single, Ghosts Again, se démarque des autres compositions de l’album.
Écrit par Martin Gore et le chanteur des Psychedelic Furs, Richard Butler, le morceau renoue avec la synth-pop du groupe de britannique. « La foi sommeille / Les amants finalement / Murmurent que nous redeviendrons des fantômes », annonce le refrain du single. Une vraie réussite.
Le clip réalisé par Anton Corbijn s’inspire du film d’Ingmar Bergman, « Le Septième Sceau« .
Le rythme ralenti sur Don’t Say You Love avec ses guitares légères et mélodiques. La basse gronde, les cordes sont luxuriantes. La voix de crooner de Dave Gahan est formidable. Une chanson sur le désir et l’obsession.
My Favourite Stranger nous replonge dans une ambiance oppressante, avec une rythmique métallique et des synthés hurlants. Un morceau qui aurait eu sa place sur l’album Ultra.
Martin Gore interprète Soul With Me. La chanson est un gospel gothique.
Caroline’s Monkey est une pop song qui renvoie au début du groupe de Basildon. Les arrangements sont dépouillés et la mélodie est baroque. Le morceau se rapproche de World in My Eyes sur Violator.
Before We Drown est peut être le morceau le plus proche de l’ambiance Violator, leur septième album.
C’est un mélange de cordes organiques et de batterie électro froide. Uns chanson composée par Dave Gahan en compagnie de Peter Gordeno et Christian Eigner.
Sur People are good, Dave Gahan, plus soul que jamais, implore le ciel :« Heaven Help Me ».
C’est de nouveau un clin d’œil à Kraftwerk dont les claviers semblent avoir été littéralement samplés. Un de mes titres préférés. Un single en puissance !
Always You est une titre à la rythmique calquée sur un battement de cœur. La chanson, composée par Martin Gore, parle du fait que « malgré tout ce qui déconne dans le monde, il y a toujours quelqu’un qui sait nous ancrer dans la réalité« .
Never Let Me Go brille par sa construction électro. On lorgne ici du côté de la cold wave voire de Joy Division notamment avec le son particulier de la batterie que n’aurait pas renier le sorcier Martin Hannett. Un must pour les dancefloors…en sous sol.
Le dernier morceau, Speak to me, débute comme une messe solennelle, émouvante et grave. Les nappes de claviers accompagnent la prière de Dave Gahan avant de s’éteindre dans un déluge de sons électroniques. L’émotion nous transporte.
Hanté par la disparition tragique d’Andrew Fletcher, Depeche Mode nous prouve avec Memento Mori que le groupe n’est pas fini. Ce qui aurait pu précipiter la fin du désormais duo lui sert aujourd’hui de nouveau départ.
Memento Mori est certainement le meilleur album du groupe depuis, Playing the Angel, il y a presque 20 ans.
La plus grande force de Depeche Mode est surement sa capacité à surmonter les chocs traumatiques à travers le temps.