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Après Bedroom (2020) et I Don’t Know (2023), bdrmm revient avec un troisième album baptisé Microtonic, sorti le 28 février 2025 via le label Rock Action Records.
Pour le groupe, Microtonic, représente un véritable bond en avant. Enregistré avec leur collaborateur de longue date Alex Greaves et enrichi par les participations de Sydney Minsky Sargeant (Working Men’s Club) et d’Olive Rees (Nightbus), cet album de 10 titres permet aux shoegazers britanniques d’explorer un spectre plus large de sonorités et d’atmosphères.
« Je me sentais très contraint d’écrire un certain type de musique pour correspondre au genre musical pour lequel nous étions connus, mais quelque chose s’est amélioré et je me suis senti plus libre de créer ce que je voulais », a expliqué le chanteur-guitariste Ryan Smith. « Et en ce moment, je semble m’intéresser beaucoup à la musique électronique, m’inspirant de différents courants de l’electronica, de la dance music à l’ambient en passant par des sources plus expérimentales.»
Le premier morceau, Goit, surprend avec ses beats électroniques. Nous sommes déjà bien loin des sonorités shoegaze des débuts du groupe de Hull.
La voix de Syd Minksi Sargeant, le leader de Working Men’s Club, est posée et nous oppresse avec des paroles robotiques et effrayantes : ‘Distractions/Spasms/Terror/Death/It all happened‘.
Cette ambiance se poursuit avec John on the Ceiling, un titre plus léger et dansant, qui transporte l’auditeur dans une dimension planante grâce à ses synthés oniriques et ses rythmes entraînants. On retrouve la voix chaleureuse de Ryan Smith.
« Les thèmes de la chanson sont la confusion et le doute » a expliqué Ryan Smith. « Quand quelque chose se termine et qu’un autre commence, on se laisse aller à un faux sentiment de sécurité, pensant que les erreurs commises ne se reproduiront pas. Cela se répète sans cesse jusqu’à ce qu’on soit paralysé. Peut-on vraiment changer ? »
Le single Infinity Peaking est fantastique. Il fusionne shoegaze et électro. Un hit à diffuser en radio et à jouer dans les clubs !
À propos du morceau, le guitariste et chanteur a déclaré : « Infinity Peaking résume parfaitement le groupe que nous étions et que nous sommes aujourd’hui, cet équilibre subtil entre shoegaze et electronica…
C’est un morceau empreint d’une joie authentique (malgré les paroles) et ce fut un plaisir de travailler dessus en studio. Nous avons senti que nous pouvions vraiment nous lancer dans l’expérimentation…
Nous sommes toujours plus heureux assis par terre, au milieu du studio, autour de la dernière pédale que nous avons achetée, chacun mourant d’envie de l’essayer.»
Avec Snares, bdrmm flirte avec la coldwave et le post-punk, alternant entre couplets tendus et un refrain euphorique.
La piste suivante, In the Electric Field, a été enregistrée avec Olive Rees du groupe de Manchester, Nightbus. C’est l’une des pépites de l’album. L’atmosphère est lourde. Le morceau est un mélange d’électro dub envoûtant.
L’instrumental, Microtonic, rappelle Elegia de New Order avec ses guitares planantes et saturées.
S’inspirant de « The King of Limbs (Live from the Basement) » de Radiohead, le bassiste et synthétiseur Jordan Smith a précisé : « La direction prise par bdrmm ces dernières années nécessitait une intégration holistique de l’électronique plutôt qu’un remplacement complet de l’instrumentation traditionnelle, ce qui nous a laissés perplexes quant à la façon de la faire fonctionner jusqu’à ce que nous visionnions ceci. »
Clarkycat, avec sa mélodie planante et désaccordée, sonne comme Bicep. La chanson aborde le besoin de se réorienter, de s’adapter au présent et de se libérer du déni et des tendances dissociatives.
Sat in the Heat avec son refrain éthéré fait penser au titre A Dream Within A Dream de The Beloved. Le morceau dégage une sensation d’apesanteur. C’est probablement le morceau le plus entraînant de l’album.
Le troisième single de l’album, Lake Disappointment, illustre parfaitement la nouvelle palette sonore de bdrmm, avec sa ligne de basse déformée et son rythme endiablé.
« Lake Disappointment est probablement le morceau le plus agressif et le plus excitant que nous ayons jamais créé », a déclaré Ryan Smith. « Je me souviens l’avoir envoyé à Alex (notre producteur) et je ne l’ai jamais vu aussi enthousiaste à propos d’un morceau. C’était un rêve de travailler dessus. J’ai l’impression que derrière toute la mélancolie de l’album se cache aussi une grande colère. C’est nous qui exprimons cette colère et qui disons « Fuck you » aux fautifs. »
Nous nous sommes aventurés dans un entrepôt abandonné de Sheffield, avons recruté une équipe de production formidable et créé notre propre chaîne de télé-achat dystopique (sous les ordres fermes de nos responsables chez MicroTech). Nous avons dû être malades pendant une semaine après être restés debout dans le froid pendant 12 heures en blouse d’hôpital, mais ça valait le coup. Qui n’a rien sans rien. »
Le magnifique titre de clôture, The Noose, est plus calme avec son atmosphère planante. Les nappes de synthés subliment le chant nostalgique de Ryan Smith. On dirait du Pet Shop Boys en mode mélancolique.
Avec Microtonic, bdrmm s’éloigne du shoegaze pour explorer nouveaux territoires et des sonorités plus électroniques.
Les fans des deux premiers albums des britanniques n’ont pas à s’inquiéter. On y retrouve toujours une mélancolie éthérée et basée sur la guitare.
Cet album est un joyaux à écouter en boucle tant il regorge de nuances et de trouvailles sonores.