Hambourg, 1980, cinq jeunes femmes forment Xmal Deutschland.

La formation post-punk va rencontrer un large succès en dehors de ses frontières avec quatre albums sur des labels cultes comme 4AD.

Après la séparation du groupe en 1990, leur chanteuse Anja Huwe abandonne la musique pour poursuivre sa carrière dans les arts visuels.

Pendant la pandémie, Anja Huwe décide de se remettre à la musique, sous l’impulsion de son amie de longue date Mona Mur – chanteuse, autrice-compositrice et leadeuse du projet Mona Mur & die Mieter du début des années 80. Ensemble, elles travaillent pendant un an et demi, composant, interprétant et produisant les morceaux qui allaient devenir l’album Codes.

Manuela Rickers, ex-guitariste de Xmal Deutschland, a apporté sa contribution en ajoutant ses guitares.

Olaf Boqwist joue de la basse tandis que le chanteur de Tomorrow’s Rain, Yishai Swearts pose sa voix sur deux titres.

Mixé par Jon Caffery (Joy Division, Gary Numan, Einstürzende Neubauten), Codes est sorti chez Sacred Bones Records.

Basé sur le journal intime de Moshe Shnitzki, un adolescent parti vivre dans la forêt en Biélorussie durant la seconde guerre mondiale pour échapper aux persécutions des nazis, l’album rassemble neuf chansons.

« Le résultat est un cosmos poétique et musical qui englobe les thèmes suivants : la forêt, la peur, la douleur, la perte, la violence et la solitude mais aussi la beauté, le désir, l’espoir et la volonté de survivre », explique Anja Huwe.

La chanson d’ouverture, Skuggornas, est une jolie ballade chantée en anglais. Les accords de guitare gothique de Manuela Rickers subliment le morceau.

Anja chante  «  Je ne regrette rien de ce que j’ai fait. J’ai vécu et j’ai péché « .

Le premier single extrait de l’album, Rabenschwarz, surprend l’auditeur par ses guitares apocalyptiques et hypnotiques. C’est puissant.

Un titre Metal Indus qui rappelle les grandes heures des légendaires Einsturzende Neubauten et Killing Joke.

Le rythme electro rock de Pariah fait mouche. Les paroles chantées en anglais et allemand conférent à la chanson un certain charme. Les arrangements et les samples habillent le titre avec succès. Le chanteur de Doom metal, Yishai Swearts, murmurent des mots.

Anja explique:  » J’aime chanter en plusieurs langues… je travaille souvent avec des métaphores, j’espère que l’auditeur pourra saisir les ambiances sans les comprendre littéralement. Je crois que la voix, l’expression et le son peuvent créer une atmosphère particulière. Parfois mélancolique, exaltante ou subliminalement agressive…« 

Exit est animé par des rythmes trip hop mixés avec des sons darkwave.

Un titre qui rappelle Barrel Of the Gun de Depeche mode (Ultra – 1997).

L’ambiance est lourde et angoissante.

O Wald est un joyau synthpop. Une ritournelle qui n’est pas sans rappeler le tube Our Darkness d’Anne Clark. Un tube.

Zwischenwelt présente une atmosphère plus sinistre. La basse entêtante d’Olaf Boqwist donne un tempo post-punk à la chanson.

Sleep With One Eye Open nous replonge à nouveau dans le monde de l’électro avec des rythmes métronomiques dubstep.

On dirait que les britanniques The Aloof participent à la fête !

Living In The Forest nous transporte vers les sonorités gothiques de Xmal Deutschland. Une belle réussite.

Le disque se termine dans la douceur avec Hideaway. Une chanson envoûtante avec des guitares douces et des pianos scintillants.

L’ambiance nous renvoie vers  la chanson Rawhead and Bloodybones de Siouxsie and the Banshees (Peepshow – 1988).

Codes est un album captivant, sombre et mélancolique. Un disque electro rock où se mélangent diverses influences (post-punk, metal-indus, synthpop voire trip-hop…).

Impossible de rester insensible aux divers registres vocaux d’Anja Huwe, aux guitares noisy de Manuela Rickers, aux lignes de basse entêtantes d’Olaf Boqwist et aux rythmes électro de Mona Mur.

Honnêtement, qui aurait pu prédire un retour à la musique de l’ex chanteuse des Xmal Deutschland ?