Poppunkwave story – The Woodentops

En 1983, à une époque où le post-punk s’effiloche et où l’indie commence à explorer de nouvelles textures, un groupe surgit de Northampton avec une idée bien à lui : jouer l’acoustique comme une arme rythmique et mêler instruments exotiques à l’énergie brute du rock.

Leur nom : The Woodentops.

Formés par Rolo McGinty (chant, guitare), Simon Mawby (guitare), Alice Thompson (claviers), Paul Hookham (batterie) et James Rawlings (basse), ils s’installent rapidement à Londres. Leurs premières répétitions se font dans un entrepôt de Clapham Junction, décoré et animé par la designer Panni Bharti, qui signera aussi leurs visuels.

En 1984, le single Plenty attire l’attention — même Morrissey, le chanteur des Smiths, les cite dans Melody Maker. Peu après, Frank de Freitas et Benny Staples remplacent respectivement Rawlings et Hookham, consolidant le line-up qui marquera l’histoire du groupe.

Straight Eight Bush-Waker (1985)

Avant de sortir leur premier album studio, les Woodentops publient Straight Eight Bush-Waker, un mini-album de 6 titres qui compile leurs premiers singles (Move Me, Well, Well, Well, It Will Come) et quelques inédits.
C’est un condensé de leur énergie indie-pop naissante, qui leur ouvre la voie vers la reconnaissance critique et la signature sur un album complet.

Giant (1986) 

Giant est le premier album studio des Londoniens, sorti en juin 1986. Il a été produit par Bob Sargeant, connu pour son travail avec The Beat.

L’enregistrement a eu lieu dans deux studios londoniens : The Roundhouse à Camden et Power Plant Studios à Willesden.

Sur le plan musical, l’album se distingue par l’usage d’instruments peu communs dans le rock indépendant de l’époque : accordéon, marimba, trompette, cordes, en complément des guitares acoustiques.

Les chansons ont été écrites par Rolo McGinty.

Bien accueilli par la critique, l’album a marqué les esprits, notamment au sein de la scène indépendante britannique et française. Il est mentionné dès le premier numéro des Inrockuptibles et se hisse à la 2ᵉ place des charts indés anglais, porté par les singles, Get It On et Good Thing.

Sa pochette, audacieuse et stylisée, reflète parfaitement cette esthétique audacieuse et colorée, qui continue de charmer les nostalgiques et les nouveaux auditeurs.

Wooden Foot Cops on the Highway (1988)

Leur second album studio, Wooden Foot Cops on the Highway est sorti en 1988 sur le label Rough Trade.

Il a été produit par Rolo McGinty et Scott Litt.

L’enregistrement s’est déroulé dans plusieurs lieux : les Soundtrack Studios et The Roundhouse à Londres, puis à New York.

Pour les critiques, le disque marque une transition notable pour le groupe : un son plus brut et expérimental, soutenu par une production ambitieuse.

Après une tournée européenne, 1992 marque la séparation du groupe. McGinty se lance dans l’électro, Simon Mawby rejoint brièvement The House of Love.

Surprise, en 2006, Rolo McGinty annonce l reformation du groupe avec Mawby, de Freitas, Aine O’Keeffe (claviers) et Paul Ashby (batterie).

Granular Tales (2014)

Leur nouveau disque Granular Tales paraît le 24 février 2014, sous le label Cherry Red Records — soit près de 26 ans après Wooden Foot Cops on the Highway (1988).

Son enregistrement est réalisé aux studios Dada et Snorkel de Londres ; mixé par Mike Nielsen, produit par Rolo McGinty et Nielsen.

Granular Tales marque un retour réussi des Woodentops après plus de deux décennies, avec un son à la fois familier et renouvelé. La production, fidèle à l’esprit du groupe, offre une palette sonore riche et variée : funk, pop, rock, touches introspectives — le tout avec des arrangements soignés.

Critiques et médias saluent ce come-back, soulignant une écriture toujours percutante et une signature artistique intacte. Même si le succès commercial reste modeste, l’album trouve une audience chez les amateurs de l’indie pop britannique de qualité.

La pochette de ce troisième album studio est signée par Panni Bharti.

Fruits of the Deep (2024)

Leur dernier album, Fruits of the Deep, sort en avril 2024 via leur propre label Little People Big Music. 

L’album auto produit mélange le son caractéristique des Woodentops — guitares acoustiques dynamiques, rythmes effrénés, grandes mélodies — à des expérimentations variées : dance, dub, collages sonores, ambiances ambient.

Les deux pistes finales, « The Fishermen Leave At Dusk » et « Bathyscaphe », plongent littéralement le disque dans des textures immersives évoquant le monde sous-marin.

Fruits of the Deep incarne un retour accompli et créatif des Woodentops, combinant leurs atouts historiques (rythmes enlevés, mélodies solaires) à un désir d’aventure sonore. Si certains fans peuvent être déroutés par les expérimentations introduites, la critique salue cette audace et considère l’album comme une belle avancée, fidèle tant à l’esprit originel qu’à une vision contemporaine affirmée.

 

The Woodentops restent un exemple rare d’un groupe capable de lier l’authenticité brute de l’indie et la pulsation contagieuse de la dance.
Ils ont prouvé qu’avant même l’explosion Madchester, ils savaient déjà faire danser les guitares.

You're Gonna Need Someone On Your Side