Poppunkwave story – The Housemartins

Take Jesus – Take Marx – Take Hope : tel était le slogan des Housemartins, mélange improbable de foi chrétienne, d’idéaux marxistes et de pop accrocheuse.

Entre 1983 et 1988, ce groupe venu du nord de l’Angleterre a su allier humour, engagement et mélodies irrésistibles. Retour sur l’histoire du « quatrième meilleur groupe de Hull ».

L’aventure démarre à Hull en 1983 lorsque Paul Heaton (chant) et Stan Cullimore (guitare) se rencontrent et commencent à jouer ensemble dans la rue. Rapidement rejoints par Ted Key (basse) et Hugh Whitaker (batterie). Pour le nom du groupe, ils choisissent The Housemartins (Les Hirondelles).
En 1985, Ted Key est remplacé par Norman Cook.

Le groupe signe chez Go! Discs, un label indépendant basé à Londres.

Leur slogan « quatrième meilleur groupe de Hull » est une pique amusante adressée à la scène locale, déjà fière des Red Guitars, Everything But The Girl et The Gargoyles !

En seulement deux albums studios, The Housemartins ont cristallisé l’esprit d’une pop britannique capable de divertir tout en portant un message. Paul Heaton et ses camarades défendaient la solidarité ouvrière, la justice sociale et un esprit communautaire, tout en critiquant ouvertement le capitalisme et les inégalités.

London 0 Hull 4 (1986)

Premier coup d’éclat du groupe, London 0 Hull 4 est un condensé de pop jangly aux guitares claires, de mélodies entêtantes et de textes à double lecture. Le titre de l’album, qui évoque un score de match imaginaire, affiche un esprit régionaliste teinté d’humour. Derrière l’aspect enjoué, on trouve des chansons à la portée politique affirmée : Flag Day s’en prend à la charité superficielle, Sheep dénonce le conformisme et Think for a Minute invite à la réflexion sociale.

Musicalement, on y entend l’influence des Smiths dans la guitare, mais aussi des harmonies vocales inspirées du gospel et de la soul. Porté par le succès du single Happy Hour (Top 3 UK), le groupe séduit la critique, qui loue son intelligence et son originalité. L’album atteint la 3ᵉ place du UK Albums Chart et devient disque de platine.

The People Who Grinned Themselves to Death (1987)

Avec la sortie de London 0 Hull 4, The Housemartins s’est imposé comme la révélation et l’une des bonnes surprises de l’année 1986. Dans la foulée de cet album, le groupe de Hull a enregistré à part une reprise du groupe de Soul, Isley-Jasper-Isley, « Caravan Of Love » dans une version a cappella. Le single se classera n°1 en Grande Bretagne.

Un an plus tard, les Housemartins reviennent avec The People Who Grinned Themselves to Death (1987), un disque plus mûr et plus incisif. Le titre, ironique, fait référence à une vision critique de la monarchie et de l’aristocratie britanniques. Le ton reste pop et lumineux, mais les arrangements se font plus travaillés, et l’écriture plus directe encore.

Parmi les moments forts, Five Get Over Excited, une chanson pop effervescente et ironique, Me and the Farmer, une observation sociale dans un cadre rural et Build, une satire douce-amère sur la société moderne.

L’album est salué par la presse. Commercialement, il atteint la 9ᵉ place au Royaume-Uni et devient disque d’or.

Malheureusement, l’aventure de The Housemartins se termine fin 1988. Le chanteur/guitariste Paul Heaton et le batteur Dave Hemingway ont vite rebondi en fondant dans la foulée The Beautiful South, tandis que le bassiste Norman Cook, après avoir été n° 1 avec The Beat International, allait sous le pseudo de Fatboy Slim, devenir DJ et s’orienter vers d’autres contrées musicales.

Stan Cullimore se consacre à l’écriture de livres pour la jeunesse. Il est aussi acteur et scénariste. Il est connu pour Le Dernier Pub avant la fin du monde (2013), Un beau petit diable (2016) et Un long week-end (2005). Hugh Whitaker reste actif dans la scène musicale locale.

The Housemartins n’étaient pas qu’un groupe pop. Ils mélangeaient des textes à forte teneur sociale avec des refrains lumineux. Leur image décalée — posant en costume ou en pulls de grand-mère — contrastait avec leur discours incisif.
Ils ont aussi enregistré des sessions pour John Peel, parfois sous le pseudonyme The Fish City Five, uniquement a cappella.

Malgré une carrière courte, The Housemartins ont laissé une trace indélébile dans l’histoire de la pop britannique.

 

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