Janvier 1978 : les Sex Pistols se désagrègent en plein chaos. Johnny Rotten, redevenu John Lydon, tourne la page. Marre de l’image fabriquée par Malcolm McLaren et des querelles internes, il veut un nouveau départ — plus libre, plus expérimental.
En juin, il fonde Public Image Limited (PiL) avec : Keith Levene – guitare, ex-The Clash, le bassiste Jah Wobble et le batteur, Jim Walker.
« Nous voulions dépasser le punk, créer un son où le dub rencontre l’acier. » — John Lydon

Leur premier single, “Public Image”, sort le 13 octobre 1978. Il figure sur leur premier album First Issue publié en décembre de la même année.
Public Image (A Side)
La chanson « Public Image » gravée en face A est essentiellement le règlement de comptes de John Lydon avec :
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Les Sex Pistols et leurs proches
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John Lydon se sent trahi et exploité par Malcolm McLaren, le manager des Sex Pistols, et par certains membres du groupe.
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Il reproche qu’on ne s’intéressait pas à ses paroles ni à ses idées, mais seulement à l’image provocatrice de “Johnny Rotten”.
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La presse musicale britannique
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Les journaux (NME, Melody Maker, Sounds…) avaient contribué à fabriquer puis déformer son “image publique” au lieu de parler de la musique.
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John Lydon y répond par un texte acide, moqueur et direct.
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Il explique :
« Ce n’est pas une chanson sur les fans, c’est une insulte au groupe dont je faisais partie. Ils ne prenaient même pas la peine d’écouter ce que je chantais. Vous ne m’avez jamais écouté, vous m’avez réduit à un produit. Mon nom est John, pas Johnny Rotten. »
Musicalement la chanson est caractérisée par la basse hypnotique de Jah Wobble, les guitares aiguisées de Keith Levene et la voix agressive de Lydon.
Un mélange qui annonce le post-punk.
The Cowboy Song (B Side)
La face B « The Cowboy Song » ne parle de personne en particulier au sens narratif — c’est surtout une farce sonore.
Le morceau a été improvisé en studio, presque comme une blague, par le groupe.
Il ne comporte pas de vraie mélodie. La ligne de basse est répétitive et John Lydon crie ou marmonne des sons incohérents, parfois à la manière d’un cow-boy caricatural.
L’intention du groupe était sans ambiguïté:
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Se moquer des attentes des acheteurs de singles, qui espéraient deux chansons “sérieuses”.
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Envoyer un message anti-commercial : la face B n’est pas un produit, c’est un pied de nez.
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Casser l’idée qu’un disque doit toujours offrir “deux hits pour le prix d’un”.
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Jah Wobble a confirmé dans des interviews que « The Cowboy Song » était un “titre volontairement absurde” pour faire rager les labels et le public trop sérieux.
Il poursuit :
« On avait déjà le morceau principal, mais on ne voulait pas gaspiller une bonne chanson en face B. Alors on s’est dit : “Faisons n’importe quoi, juste pour énerver tout le monde.” »
Chris Thomas, l’ingénieur du son, aurait levé les yeux au ciel, pensant qu’ils plaisantaient avant de recommencer. Mais le groupe a insisté : « Non, non, c’est parfait. On garde ça. »
Les critiques de l’époque ont été… perplexes. Certains y ont vu une insulte au public, d’autres une expérience dadaïste assumée. Mais pour PiL, c’était juste “le fun d’un moment capté sur bande”.
Quant à la pochette, elle a été imaginée comme un journal à sensation, un faux tabloïd avec des titres accrocheurs tels que “Refused To Play Russian Roulette”, “No One’s Innocent, Except Us” et “The Girl Who Drove Me To Tea”.
Provocatrice et satirique, la pochette détourne les codes médiatiques pour mieux se moquer du concept même d’“image publique”.
Public Image n’est pas seulement un single : c’est un acte de sabotage culturel.
Un adieu à Johnny Rotten, un pied de nez aux médias, et la première pierre d’un post-punk qui allait marquer les décennies suivantes.
Public Image est le cri de rupture qui a redéfini le post-punk.
















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