En 1982, le Royaume-Uni est plongé dans l’ère Thatcher, marquée par le chômage massif, des tensions sociales, et une jeunesse désabusée.
Le punk a laissé place à une vague plus introspective : le post-punk.
The Chameleons, groupe originaire de Middleton (Manchester), s’inscrit dans cette mouvance aux côtés de Joy Division, The Sound ou encore The Comsat Angels.
Leur premier single, « In Shreds », sort en mars 1982 sur le label Epic Records, mais ne reçoit pas l’attention escomptée malgré son potentiel.
Pourtant, ce morceau marquera durablement les fans du genre. Il est produit par Steve Lillywhite, déjà connu pour son travail avec U2 et Siouxsie and the Banshees.
Les deux morceaux sont signés collectivement par les membres de The Chameleons, pratique assez courante dans les groupes post-punk de l’époque pour souligner l’esprit de groupe.
Voici la composition du line-up en 1982 :
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Mark Burgess – basse, chant, paroles
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Reg Smithies – guitare
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Dave Fielding – guitare, synthés, effets
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John Lever – batterie (il remplacera Brian Schofield après le single)
En Face A est gravé « In Shreds ».
C’est une entrée fracassante : riffs de guitare tranchants, batterie martiale, et la voix de Mark Burgess, hantée mais puissante. Les paroles évoquent la paranoïa, la perte de repères, la répression.
Le refrain, « I’m in shreds!« , résonne comme un appel au secours, viscéral.
“Politicians, teachers, rulers of men / Throwing lives away without a second thought.”
En Face B, on trouve « Less Than Human ».
Plus lent, plus introspectif, ce morceau explore une autre facette du groupe : une mélancolie planante, presque éthérée, mais toujours teintée d’une noirceur palpable. Il complète parfaitement l’énergie brute de « In Shreds« .
« In Shreds » n’a pas été un succès commercial et The Chameleons seront vite remerciés par Epic.
Pourtant, le single deviendra culte avec le temps, redécouvert par des fans de coldwave et de shoegaze qui salueront sa profondeur émotionnelle et sa puissance brute.
Il reste aujourd’hui un classique underground, souvent cité comme l’un des meilleurs débuts de groupe dans le post-punk britannique.













