Le 5 avril 1980, Athens en Georgie, un groupe donne, ce soir-là, son premier concert dans une église désaffectée alors qu’il n’a même pas encore de nom. Quatre jeunes hommes paumés du Sud des États-Unis avaient monté à la va-vite une formation qui ne devait pas avoir de lendemain pour jouer à la fête d’anniversaire d’une de leurs amies. L’alchimie est déjà là et le succès aussi. Acclamés par tout l’auditoire présent, Bill Berry, Peter Buck, Mike Mills et Michael Stipe se disent que cela vaut peut-être le coup de continuer ensemble au-delà de cette soirée. Rapidement un nom est trouvé. R.E.M. pour Rapid Eye Movement, comprendre en français « mouvement oculaire rapide », un phénomène qui se produit pendant la phase de sommeil paradoxal et qui permet à nos rêves d’entrer dans leur phase la plus intense.
Rien ne prédestinait R.E.M. à devenir l’un des groupes américains les plus influents, prolifiques et intègres de la fin du XXe siècle. De leurs modestes débuts post-punk dans la ville universitaire d’Athens au début des années 80 à leur statut de phénomène musical mondial dans les années 90, les membres de REM ont constamment dépassé les attentes du public et défié les règles du showbusiness.
31 ans après, le groupe se dissout, laissant derrière lui une discographie riche de 15 albums studio, des tubes planétaires (la pop song parfaite : «Losing My Religion» ou bien la ballade crépusculaire «Everybody hurts»).
A paraître aux Editions Le Boulon en février prochain, « Remember Every Moments » est né sous la plume de Thierry Jourdain.
Affiné sur une très longue période, l’ouvrage retrace la carrière et l’oeuvre du « meilleur groupe de rock’n’roll américain » selon le magazine Rolling Stone en 1987 : R.E.M. Une biographie richement alimentée par de nombreux témoignages des proches, mais également des quatre membres du groupe, Michael Stipe, Peter Buck, Bill Berry et Mike Mills.
On y (re)découvre notamment, comment la bande des quatre copains formée à Athens en Georgie a choisi le nom qui allait l’emmener vers les sommets.
« On voulait un nom qui ne nous enferme dans une aucune catégorie musicale, explique à la suite Michael Stipe. Quand on a monté le groupe, aucune formation à notre connaissance n’avait de noms simplement faits de lettres et l’idée d’avoir des points nous plaisait bien« .
R.E.M. pour « Rapid Eye Movement » (« mouvement oculaire rapide » en français), donc, qui prendra par la suite une signification beaucoup plus personnelle.
Thierry Jourdain raconte :
« À la cérémonie d’introduction du groupe au prestigieux Rock and Roll of Fame en 2007, Michael Stipe évoque dans un moment émouvant une anecdote des plus personnelles où sa grand-mère, dans les dernières années de sa vie, lui avait agrippé le bras pour attirer toute son attention et lui demander : « Sais-tu ce que R.E.M veut dire pour moi ?… Rappelle-toi de chaque moment (Remember Every Moments)… et c’est un moment que je n’oublierai jamais »