En Bretagne, une PME ressuscite la K7 audio.
Mulann Industries est une entreprise de 39 salariés dont le siège social est situé à Lannion (Côtes-d’Armor) et l’unité de production à Avranches (Manche).
Spécialisée dans la fabrication de pistes magnétiques, Mulann Industries a mis sur le marché, fin 2018, une cassette vierge de deux fois soixante minutes, vendue 3,49 euros sur Internet. L’objectif : faire renaître de ses cendres ce support d’un autre temps, sur le modèle de la résurrection du vinyle.
La vente cassettes s’est arrêtée brutalement il y a quinze à vingt ans avec l’émergence du CD, laissant derrière elle un stock énorme, qui s’épuise aujourd’hui sérieusement, rappelle l’entrepreneur. Le secteur était occupé par des géants de l’industrie (Sony, Maxell, Memorex, TDK, BASF…) qui ne reviendront pas sur le marché car celui-ci est désormais trop petit pour eux », analyse M. Renou.
Mulann Industries vend actuellement « quelques milliers » d’unités par mois de sa cassette « Fox C 60 − recording the master ». A terme, l’entreprise espère en écouler 100 000 exemplaires, et table, pour cela, sur le penchant des jeunes audiophiles pour les sonorités du siècle précédent. « La plupart n’ont jamais connu le son analogique. Comme pour le vinyle, il y a aussi sans doute, chez eux, le besoin de tenir entre ses mains un objet physique, dans un monde où la dématérialisation va bon train », explique le PDG.
C’est au film Les gardiens de la galaxie, dans lequel le héros écoute de la musique sur son Walkman dans l’espace, que l’on doit en partie cette nouvelle hype. Aux Etats-Unis, où la mode technologique a toujours un train d’avance, la cassette audio qui se vend le plus depuis sa sortie en 2014 est une réplique de la compilation Awesome Mix Vol. 1, qu’écoute en boucle Star-Lord, le champion galactique du film Les Gardiens de la galaxie. Composée de tubes des années 1970 et 1980 – Moonage Daydream, de David Bowie, I Want You Back, des Jackson 5, Ain’t No Mountain High Enough, de Marvin Gaye et Tammi Terrell –, cette sélection a été léguée au super-héros par sa mère. L’éditeur, Marvel, a reproduit l’objet à l’identique, jusqu’à la liste des morceaux réécrits à la main sur la jaquette.
Reste à savoir si l’industrie du hi-fi suivra le mouvement. Car sans lecteur – walkman, magnétocassette et autres ghetto blasters – point d’avenir pour la relique ressuscitée. Certains fabricants y reviennent néanmoins, comme on peut le voir sur le site de la marque américaine Urban Outfitters : un baladeur y est proposé à 49 dollars (43 euros) et un radiocassette à 159 dollars. Jean-Luc Renou croit beaucoup au retour des enregistrements personnalisés, réalisés en raccordant une platine vinyle à un lecteur cassette, comme autrefois : « Le son analogique, dit-il, c’est comme la chaîne du froid, il ne faut pas le casser. »
Vendues en ligne depuis quelques mois sous la marque Recording The Masters, ses cassettes, qui sont fabriquées à Avranches, ont vite trouvé leur public. « On vend plus de 3.000 cassettes vierges par mois. Et les commandes affluent de partout, des Etats-Unis, d’Israël, d’Ouzbékistan… », ajoute-t-il. Le marché de la musique commence aussi à se prêter au jeu et des artistes comme Kylie Minogue, Indochine ou Metallica ont sorti une version cassette audio de leurs albums respectifs.
« Les jeunes qui n’ont connu que l’iPod ou le téléphone sont bluffés quand ils entendent une cassette. Le son est peut-être imparfait mais il est beaucoup plus chaleureux », assure Jean-Luc Renou. Un conseil donc, ressortez vite des placards vos baladeurs et magnétophones poussiéreux car le retour de hype est pour bientôt.
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